24 novembre 2005
Différence
Le sens de la religion et son poids de la présence dans la société, c'est totalement différent entre en France et au Japon de nos jours (pour l'ensemble de l'Asie d'extrême orient, je m'abstiens de la parole. C'est trop compliqué). Parfois je suis prise de cette sensation.
Sur les religions au Japon, comme c'est assez bien connu, nous avons en principe le shintoïsme et le bouddhisme.
La plupart des Japonais sont routiniers des deux en même temps, car chacune fait partie de leurs coutumes : fêter la naissance d'un bébé dans le temple de shinto, organiser les funérailles dans le temple bouddhiste, etc.
Parmi ces deux, le bouddhisme est surtout « soft », doux et peu autoritaire. Il est bien aimé surtout par les gens âgés et.... il fait parfois rigoler les jeunes.
Notamment quand on est gamin, cela nous arrive d'utiliser des signes de cette religion pour marrer. Le top star, c'est Bouddha.
Autant que je me souvienne, pour mes amis et moi jusqu'à certains âges, le visage de Bouddha était franchement qqc de rigolo, sauf que nous étions dans le hall de cérémonie (là, nos parents nous surveillaient). Malheureusement, son visage n'était pas fait pour les jeunes. Il était apparemment trop différent des mannequins de la mode (1).
Donc, par exemple, si on donne un surnom « Bouddha » à un garçon dans la salle de classe, c'est pour rigoler ou le ridiculiser.
(Je me demande si cela est possible d'imaginer qu'on donne un surnom « Jésus » ou « Allah » à qqn dans la classe à la même façon en France... peut-être que c'est rare ou ça n'existe pas, n'est-ce pas ?)
Avec le shintoïsme... oui, c'est vrai qu'on s'amuse beaucoup moins, probablement par les deux raisons suivantes.
Premièrement, cette religion n'a pas beaucoup de symboles éclatants ou intéressants à l'esprit enfantin : elle est animisme et son symbole est parfois trop abstrait (pierre, arbre, papier...).
Deuxièmement, en fait, parce qu'elle fait un peu plus peur aux gens. Les dieux de shintoïsme représentent la Nature toute sauvage, pas civilisée. Donc, théoriquement, leur vengeance en cas de mépris de la part des êtres humains est beaucoup plus atroce que celui qui est concevable chez le Bouddhisme (ou précisément dire, ce dernier ne donne jamais de vengeance à personne). Ils peuvent causer le tremblement de terre, l'inondation, etc., parce qu'ils sont la « Nature ».
« C'est pour cela qu'on demande à Bouddha son soutien. Il va nous protéger, quand ces dieux sont en colère « ..... selon un prince japonais qui a vécu au VIe siècle de notre ère.
De toute façon, la présence des religions est, disons, assez légère chez nous, même si elles sont culturellement très importantes chez certains. Elles sèment très rarement les cause de conflit. Même pour le cas du débat sur la visite de Koizumi au temple de shinto Yasukuni(2), l'essentiel n'est pas le fait que c'est une acte religieuse faite par un homme d'Etat, mais que ce temple est l'endroit culte du nationalisme, extrême droite.
Mais au lieu des religions, il y a sûrement ce qui est très lourd et qui ne nous fait jamais rigoler. C'est tout simplement « le monde », « ce que tes voisins ou tes collègues disent ». Si la guerre de religion n'est pas autant chaude au Japon qu'ici, la guerre de diplomatie quotidienne semble beaucoup plus âpre. Par exemple, je trouve que le film "Stupeurs et tremblements" d'Amelie Nothomb l'a assez bien décrit(3), même si je constace dans son sénario pas mal de points bizarres et certains préjuges de la part de l'auteur.
Par exemple, il arrive assez facilement que certains immigrants sont mal aimés et écartés par « sa faute de la maîtrise de règles communes », « parce que sa façon de vivre dérange les autres », etc., c'est à dire, en raison du manque du savoir-faire diplomatique local. Mêmes parmi des japonais, c'est la même ou pire. Dans des écoles ou des boîtes, c'est la tention qui remplit l'atmosphère.
Etre écarté ou ne pas l'être, c'est ça le problème !
(1) ...Dans l'archipel, nous avons peut-être vécu une rupture culturelle très profonde dans ces derniers deux siècles, surtout pour le critère de la beauté. Les filles dans les dessins du XVIIIe siècle nous semblent plutôt moches, malheureusement. C'est-à-dire, je les apprécie comme les oeuvres des beaux arts, mais je ne peux plus sentir l'envie d'avoir un visage comme elles.
(2) Le premier ministre Koizumi n'arrête pas de visiter ce temple culte régulièrement chaque année, et cela dérange toujours le sentiment des pays voisins comme la Corée, la Chine, mais aussi la gauche du pays. C'est parce que cet endroit sacralise pas mal de criminels de la guerre 2e mondial. En même temps, son acte est problématique par rapport au principe de la laïcité du pays.
(3) L’héroïne belge est harcelée par ses collègues japonais pas simplement parce qu'elle est étrangère, mais aussi par le fait qu'elle ne savait pas bien lire l'ambiance de cette communauté, la hiérarchie déjà existante sur place. Et elle y arrive juste au dernier moment, quand elle dit adieu à sa bosse (Fubuki), avec le geste de « stupeurs et de tremblements ».
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